Le passage en force du budget de la sécurité sociale
La loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) permet de maîtriser l’équilibre financier de la sécurité sociale en prévoyant le montant de ses dépenses et de ses recettes. Chaque année, le gouvernement présente le texte au parlement qui le débat avant de l’amender puis de le voter.
L’an dernier, le débat a duré plus d’une semaine, démontrant que la LFSS est déterminante autant sur le plan financier (car son budget est supérieur à celui de l’Etat) que sur l’impact direct qu’elle a sur le service public et la population.
Cette année, le texte de la LFSS n’a pas eu le temps d’être débattu puisque pour la 18ème fois, la Première ministre, Elisabeth Borne, l’a rapidement fait adopter, invoquant l’article 49-3 de la Constitution, le 23 novembre 2023.
Le texte adopté se base sur des logiques marchandes, pour favoriser la rentabilité du système de santé. Le budget sera donc en baisse pour « faire des économies ». Pourtant, la demande de soin, elle, ne baisse pas. Il est par exemple prévu que le reste à charge lorsque l’on achète un médicament augmente, c’est-à-dire qu’ils seront moins remboursés. Cela aura un impact direct sur la population car, à moins d’avoir les moyens de se les procurer, ils seront moins accessibles.
Cela nous touchera, nous, jeunes du milieu ouvrier et des quartiers populaires, qui subissons déjà le manque d’accessibilité aux soins en plus du manque de connaissances du système de santé. Notre enquête « Inégalités ? On en parle ! » menée au début de l’année 2023, nous a montré que 73% des interrogé.e.s estiment ne pas avoir la même liberté de choix que les personnes plus riches qu’elles et eux. La santé s’inscrit dans cette liberté de choix, car n’ayant pas beaucoup de moyens, elle n’est pas prioritaire sur nos dépenses quotidiennes (loyer, nourriture, etc.).
A cette précarité s’ajoute une précarité professionnelle. En effet, les métiers de la santé sont sous-valorisés. Ils ne sont plus attractifs car ils ne permettent pas de travailler dans des bonnes conditions. Par ailleurs, le manque de soignants est flagrant et problématique dans notre pays menacé par des déserts médicaux grandissants. Valoriser ces métiers et permettre de meilleures conditions d’exercice (salaires, horaires…) sont essentiels et prioritaires pour donner envie aux jeunes de s’y engager.
En plus de cette décision qui creusera de nouveau les inégalités, nous sommes affligés par l’utilisation massive, quasi systématique, du 49-3. Cela nous révolte ! Une fois de plus, l’avis du peuple n’est pas pris en compte par la voix de nos représentants. Une fois de plus, ce gouvernement commet un déni de démocratie en refusant d’écouter d’autres points de vue que le sien.
Cela est d’autant plus révoltant que le système de sécurité sociale est basé sur la solidarité nationale de toutes et tous. Chacun de nous participe à son financement grâce à nos cotisations sociales. Nous avons donc le droit de débattre de son budget.
Pour justifier l’utilisation de l’article 49-3, Elisabeth Borne avance : « Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale est le cœur même de notre modèle social. Il rassemble et protège les Français. Nous ne pouvons pas prendre le risque de les en priver ». Selon elle, le long débat de l’an passé aurait pu empêcher le vote de ce texte, justifiant son passage en force. Cependant, tout vote nécessite débat, c’est le fondement de notre démocratie. Ce débat permet de confronter les points de vue et d’arriver à un accord. Nous voyons, une nouvelle fois, notre système démocratique piétiné.
Sans cesse, nous entendons : « Les jeunes ne s’intéressent plus à la politique ». Mais comment intéresser les jeunes alors que leur avis n’est même pas entendu ?
L’actualité et la société sont au cœur de la JOC. Notre Campagne Nationale d’Action « Monde à venir : c’est notre avenir ! Soyons les maillons du changement ! » nous amène à lutter contre les inégalités sociales, environnementales et économiques. La santé et les inégalités d’accès aux soins en font partie intégrante. En février, les jocistes s’engageront dans des actions contre les inégalités qu’elles et ils subissent. La santé sera d’ailleurs centrale dans notre prochaine Campagne Nationale d’Action, il sera alors temps d’agir !
Continuons de nous informer sur ce qu’il se passe dans notre société !
Continuons de nous révolter contre l’utilisation du 49-3 et tout ce qui représente un déni de démocratie !
Continuons d’agir concrètement, en votant et en menant l’action !