1er mai, pas de “mais” : on reste mobilisé !
Comme un air de déjà vu en ce 1er mai 2021 : cette journée internationale des travailleuses et des travailleurs est, pour la deuxième année consécutive, vécue sans ses cortèges de manifestantes et manifestants, dont celui des jocistes de toute la France.
Or, la JOC refuse de laisser le contexte sanitaire avoir raison de ses combats. La JOC continue de se faire entendre, alors que la situation s’aggrave pour des millions de jeunes.
Le chômage de masse déséquilibre le rapport de force entre les employeurs et les travailleurs. Le “marché” de l’emploi n’est pas une place d’échanges équilibrée entre des entreprises qui proposent un emploi et des jeunes qui en cherchent. Les jeunes du milieu ouvrier et des quartiers populaires sont d’autant plus pénalisés en l’absence d’accompagnement suffisant dans la recherche d’emploi.
La crise sanitaire a fait péricliter bon nombre de commerces et a réduit l’activité de nombreuses entreprises : recours à du chômage partiel, licenciements économiques, non renouvellement de contrats précaires (CDD, intérim, périodes d’essai …). Les “petits boulots”, dont l’importance pour les jeunes est souvent sous-estimée, ne sont plus disponibles. Finis, depuis un an, la majorité des baby-sittings, des dépannages à la plonge ou en salle au restau, des diffusions de prospectus … Cela met de nombreux étudiantes et étudiants dans une situation de galère pour se loger et se nourrir. Pour beaucoup d’entre elles et eux, il n’y a pas de soutien familial possible, d’autant plus depuis le début de cette crise.
Ainsi, par des chemins différents, de nombreux jeunes tombent dans la privation d’emploi. Le chômage, on le sait, touche plus durement encore les jeunes issus du milieu ouvrier et des quartiers populaires que les autres : 45% de taux de chômage contre 23% pour tous les jeunes selon l’étude à ce sujet de l’INSEE en 2012. Dans ce contexte d’inégalité de l’accès à l’emploi et de crise sanitaire, la JOC dénonce la mise en application de la réforme de l’assurance chômage et s’inquiète pour les privés d’emploi à nouveau laissés pour compte par cette mesure.
Cette situation est source d’une grande inquiétude des jeunes quant à leur avenir, elle les empêche de se projeter et de lancer leur projet de vie. C’est bien sûr, et surtout, une souffrance quotidienne face au casse-tête du budget pour les dépenses vitales : alimentation, santé, transports, logement …Loïc, 24 ans, en témoigne : “Le système actuel refuse que j’accède à un emploi en me mettant des barrières. Au quotidien, être privé d’emploi c’est le manque d’indépendance, la perte de dignité, les jugements, la difficulté pour accéder à un logement.”
La JOC continue et continuera de demander l’ouverture du RSA pour les moins de 25 ans. Dans le contexte actuel de chômage de masse, c’est le seul moyen de répondre aux situations des jeunes issus du milieu ouvrier et des quartiers populaires, en grande détresse financière avant la crise, mais encore davantage pendant cette crise.
D’autres services (hôpitaux, livraison, vente en ligne …) ont vu leur volume d’activité se décupler, sans forcément que le nombre de travailleurs ou travailleuses augmente. Ces livreurs, aides soignants, ouvriers, …. sont en première ligne depuis plus d’un an. Elles et ils travaillent parfois dans des conditions indignes : sur-exposition au virus, pression, non paiement d’heures supplémentaires, fatigue pour les soignants par exemple.
Pour les jeunes qui ont pu conserver leur emploi et pour les étudiants, le télétravail n’est pas toujours simple en l’absence de moyens financiers suffisants pour travailler dans de bonnes conditions : pas d’ordinateur, chambre partagée avec la fratrie, pas les moyens d’avoir un abonnement internet ou bien pas d’internet de qualité pour cause de désert numérique … Le télétravail est également impossible pour celles et ceux qui, du fait de leur handicap, n’ont pas de poste de travail adapté chez eux.
Les jeunes issus du milieu ouvrier et des quartiers populaires sont la chair à canon de cette crise, le véritable amortisseur d’un système économique qui broie des jeunes travailleurs tout en protégeant ses financiers confortablement installés. Les préjugés quant aux jeunes travailleurs ont la vie dure …
Depuis sa création, la JOC agit pour l’emploi des jeunes et dénonce ces stéréotypes. “Pour nous en JOC, le travail est source d’épanouissement, de stabilité et de protection contre les galères de la vie. Nous voulons qu’il nous permette de construire nos projets de vie (fonder une famille, bâtir un projet personnel et/ou professionnel, …). Nous y développons de vraies valeurs : l’amour du travail bien fait et le sens du collectif.”
Pour cela, la JOC revendique la création d’emplois dignes accessibles à tous et à toutes comme solution durable au chômage de masse qui ne cesse de progresser. Depuis 2017, la JOC exhorte le gouvernement à renforcer le contrôle et les sanctions quant aux discriminations à l’embauche, qui ne font qu’aggraver le mauvais accès des jeunes au marché de l’emploi. La JOC interpelle également l’Etat pour “remettre au centre l’humain, aller au-delà des difficultés de chacune et chacun, sans exclure les personnes, notamment en situation de handicap.”
C’est dans une volonté profonde de permettre à chacun de bâtir sa vie librement et dignement que la JOC continue de se mobiliser ensemble en ce jour de fête internationale des travailleuses et des travailleurs.
Alors en ce 1er mai 2021, pas de “mais”, restons en lutte pour la vie et l’emploi digne, restons mobilisés !
Nicolas BELLISSIMO