Le 17 octobre 2018, à l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère, portée par ATD Quart Monde, David, jociste et privé d’emploi, s’est exprimé au nom des privés d’emploi sur le parvis des Droits de l’Homme, place du Trocadéro. Ci-dessous, le texte qu’il a lu devant quelques centaines de personnes rassemblées pour la journée.
“Pour nous en JOC, l’emploi est source d’épanouissement, de stabilité et de protection contre les galères de la vie. Nous voulons que l’emploi nous permette de construire nos projets de vie (fonder une famille, bâtir un projet personnel et/ou professionnel, etc…). Pourtant, beaucoup de jeunes en sont privés. L’entrée dans le monde du travail est difficile et beaucoup sont laissés sans rien. Le chômage des jeunes avoisine les 23% sur tout le territoire, alors que pour nous, jeunes en quartiers populaires, le chômage atteint 45% (INSEE, 2012). Lorsque nous avons enfin le fameux contrat qui nous ouvre les portes de l’emploi, nous sommes souvent confrontés à l’instabilité et à la précarité. Nos premiers pas dans le monde du travail sont trop souvent marqués par un combat pour survivre au quotidien.
En JOC, nous voulons défendre tous ces jeunes privés d’un droit fondamental : celui d’accéder à un emploi digne. Depuis 2016, les Comités des jeunes privés d’emploi se sont installés partout en France. Ces lieux réunissent des jeunes privés d’emploi et leur permettent de partager sur leurs situations et leurs conditions de vie. Ils ont parfois arrêté l’école tôt comme John et ont peu de diplôme. Géraldine a eu des formations mais elle n’a pas pu apprendre l’informatique alors qu’elle en a besoin pour envoyer des CV et des lettres de motivation par mail.
La privation d’emploi impacte toute leur vie. Elles et ils vivent comme Gaétan dans des logements insalubres qu’ils galèrent à payer ou alors ne peuvent pas être indépendant. Ils n’ont pas de sous pour prendre le bus ou se payer le permis comme Morgan et sont bloqués dans leur recherche d’emploi. La privation d’emploi les rend malade comme Cindy, elles et ils manquent de sommeil et dorment très mal à cause des soucis du quotidien.
A la JOC, nous ne nous arrêtons pas aux constats. Pour tous ces jeunes, nous revendiquons un accès à un emploi digne sans être discriminé. Plusieurs de ces jeunes ont été jugés sur leur tenue vestimentaire, leur culture ou leur orientation sexuelle, et finalement n’ont pas été retenues par les employeurs. Nous voulons qu’un contrôle et des sanctions soient installés pour supprimer ces pratiques. Nous voulons aussi un travail adapté à chacun qui n’exclue pas les personnes en situation de handicap.
Les inégalités entre jeunes des quartiers populaires et les autres sont très fortes. Un meilleur accès aux personnes et aux lieux ressources leur permettraient de s’informer ou de partager leurs difficultés d’accès au monde du travail. Pour lutter contre ces inégalités de réseau, nous voulons des rencontres régulières avec des professionnels, des responsables syndicaux et associatifs dans les lieux d’aide à l’insertion professionnelle des jeunes.
Nous voulons un emploi digne pour tous et toutes
Merci de votre écoute”
David fait partie des 9 jeunes privés d’emploi qui se livrent en récits sur la privation d’emploi à découvrir dans l’ouvrage “La vie devant nous” qui paraîtra en janvier prochain.
Pour le commander dès maintenant : l’appel à souscription.