C’était il y a plus de 80 ans… La JOC lançait une pétition pour dénoncer le chômage des jeunes. En 2018, la JOC invite à nouveau à signer pour réclamer un emploi digne pour tous et toutes.
Article paru le 1er mai 2018 dans le numéro #41 de “Comme avant”, la revue des amis de la JOC.
La question du chômage des jeunes a fait son apparition dans le mouvement à l’occasion de la crise brutale des années 1930. Suite au krach boursier de 1929, la France doit faire face aux faillites de nombre de ses usines et à l’explosion du chômage dans le monde ouvrier. Quant aux jeunes sortant du système scolaire, le travail manquant, ils étaient condamnés à une forme « d’oisiveté forcée », sans ressources ni perspectives d’avenir. À la détresse matérielle s’ajoutait la détresse morale, identifiée à l’époque comme une source de « danger social ».
« Comment oseraient-ils fonder un foyer, instruits qu’ils sont par leur propre expérience de l’insécurité des gains du travail ? […] Et quelles peuvent être leurs réactions spirituelles ? Un sentiment de révolte contre l’injustice de leur sort ? On ne le trouve que chez les meilleurs […]. Ce n’est pas un sursaut d’énergie, mais bien le découragement devant une vie qui n’a pas tenu ses promesses, l’aveulissement du caractère, la perte du goût de l’effort, l’abandon de la dignité personnelle ».
Henri Fuss, « Le chômage des jeunes gens », Revue Internationale du Travail, mai 1935.
C’est dans ce contexte des années 1930, alors que les fascismes s’employaient à enrôler les jeunes d’Europe, que les mouvements de Jeunesse Ouvrière Chrétienne se sont saisis du problème. Interpellée par ses militants et forte de son expérience de terrain, la JOC a mené, dès 1931, une vaste enquête sur les conditions de vie des jeunes chômeurs. À partir de cette enquête, et conjointement avec la Confédération Internationale des Syndicats Chrétiens (CISC) et la CFTC, la JOC a rédigé un programme de revendications, mis ensuite sous la forme d’une pétition : le « Recours à Genève ». Destinée à sensibiliser l’opinion publique et à interpeller l’Organisation Internationale du Travail (OIT), cette pétition réclamait :
- D’une part, des réformes « d’appui moral et matériel aux jeunes chômeurs »
- Et d’autre part, la résorption du chômage des jeunes via un certain nombre de mesures.
« Nous ne sommes ni des fainéants, ni des vagabonds. Nous demandons qu’on nous rende nos machines, nos outils, du travail. Jeunes chômeurs ! Jeunes chômeuses ! Signez tous ! ».
Le Recours à Genève a récolté au total 85.000 signatures de jeunes chômeurs âgés de 13 à 25 ans, dont 21.300 en France. La pétition fut alors remise à la Conférence Internationale du Travail, le 5 juin 1935, qui, à l’issue des débats, préconisa à l’unanimité :
- L’augmentation de l’âge de la scolarité obligatoire et de l’âge minimum d’admission au travail,
- L’organisation de la formation professionnelle,
- L’Encadrement des loisirs et de l’aide sociale pour les jeunes chômeurs,
- Le développement des services de placement,
- L’Evaluation statistique du phénomène.
C’est à la suite de ces préconisations que la JOC développe ses « bureaux de placement » dans la plupart des villes industrielles, idée reprise par l’Etat en 1967 avec la création de l’ANPE.
Le « Recours à Genève » marque la toute première action internationale concertée des Mouvements de Jeunesse Ouvrière Chrétienne. Cet exemple nous montre aujourd’hui combien il est important de ne jamais abandonner la lutte pour que la dignité des jeunes privé·e·s d’emploi devienne un droit à part entière.
Signer la pétition : “Emploi digne : un droit pour tous et toutes”