Comment vivre en étant sourd ? Comment apprendre à signer sans entendre les explications ? Que faire quand quelqu’un que l’on connait ne vous comprend pas à cause de sa surdité ? Ce sont toutes ces questions qu’une dizaine de jeunes, jocistes ou non, se sont posés durant une semaine. C’est dans une ferme que certains connaissent peut-être que cette rencontre pas comme les autres s’est vécue.
Bienvenue à Drouilles, une jolie ferme de la Haute-Vienne, rénovée à l’initiative de la JOC. Dans ce cadre magnifique, quelques jeunes de 15 à 26 ans, accompagnés par deux accompagnateurs, arrivent le 4 juillet 2015. C’est le début d’une aventure solidaire : ici, ce ne sont pas les adultes qui décident ; mais bien nous, les jeunes. Cette perm’ langue des signes, c’était d’abord l’idée d’Elodie, jociste de 19 ans, devenue malentendante à l’âge de 16 ans et de Marielle, fédérale du Loiret. C’est à “Rassemblés pour nos droits”, en juillet 2014, que ce projet est né. Leur envie de faire découvrir la culture sourde et la langue des signes s’est très vite transformé en projet de perm’LSF sur 5 jours.
Tous les jours, souvent avec beaucoup de rigolades, nous commencions la journée par faire un petit jeu et apprendre quelques signes utiles pour communiquer avec des personnes sourdes ou malentendantes. Très vite, nous étions capables de communiquer entre nous par signes. Chacun de nous mettait ensuite la main à la pâte pour préparer le repas.
L’après-midi, nous faisions une activité (jeu, ciné-débat…), où l’un de nos sens nous faisait défaut : parfois nos yeux étaient bandés, parfois nos mains étaient liées, parfois nos oreilles bouchées. Et puis reprenaient les cours de LSF et les fous rires qui les ont accompagnés.
Georgetta, 16 ans, a dit : « je n’avais aucune idée de ce j’allais faire ni avec qui j’allais être. Je ne savais surtout pas si j’allais me faire des amis… Mais c’était super cool ! A un moment, je me suis sentie sourde moi-même car on avait des casques pour ne pas entendre ce que disait les autres et on devait deviner ce qu’ils nous disaient en face. On a aussi fait beaucoup activités de confiance. »
Je pense parler au nom de tous en disant que cette perm’LSF était une réussite totale et que nous avons tous appris quelque chose d’utile. Je m’en suis moi-même déjà resservi cet été !
Déborah, jociste sur la fédération du Cher, région Centre