Au milieu des années 80, les équipes Précarité de la JOC, fondées par de jeunes précaires jocistes, pointaient déjà les manques et les envies dans la réflexion sur leur condition, tout en élaborant des pistes d’actions. Cette catégorie – qui regroupait jeunes chômeurs, intérimaires, stagiaires, travailleurs d’utilité collective (TUCS), stagiaires en insertion vie professionnelle (SIVP) – se voit renforcée dès le mois de septembre 1986 par la création de «Permanences Précarités», communément appelés les Perms’ Préca’. Ouverts à tous, ces nouveaux lieux mis à disposition par les communes ou les paroisses deviennent vite des relais d’accueil et d’information pour tous les jeunes de la classe ouvrière aux lendemains incertains.
Gérés par les jeunes eux-mêmes, ces permanences visaient à rompre l’isolement des précaires, tout en leur permettant de faire entendre leurs voix auprès des organismes décisionnaires. Car les Perms’ Préca’ se vivaient non seulement comme des lieux d’information collective, mais aussi de «renvoi», véritables plaques tournantes entre jeunes précaires et structures publiques officielles. Elles ne se substituaient pas à ces dernières mais les faisait connaître, tout en bousculant quelque peu, avec revendications à l’appui !
Lieux d’accueil et d’expression, de partage d’idées comme d’expériences vécues, les Perms’ Préca’ sont gérées par un délégué. Chacun d’eux se doit de participer régulièrement à des rencontres Délégués Précarité. En région parisienne, ce sera le rendez-vous Paris Précarité du 4 Avril 1987, où se sont retrouvés 25 délégués représentant 12 permanences, pour retracer les actions menées, notamment au niveau local/régional, reprises le plus souvent sous forme de pétitions (demandes de locaux pour créer d’autres accueils, gratuité des transports pendant la recherche d’emploi, organisation de rencontres d’informations pour les équipes rejointes par d’autres précaires…).
Pas si lointains ancêtres de nos actuels Comités de Jeunes Privés d’Emploi (CJPE), les Perm’ Préca’, tout en préparant le terrain à un temps fort de mobilisation mémorable, «Stabili Job» à Paris, le 1er mai 1987 tendaient donc déjà à prouver que la (re)conquête de soi ne pouvait guère faire l’économie de l’occupation d’un emploi digne !