Le 20 mars 2020
Depuis plusieurs jours la propagation du Covid 19 en France a drastiquement changé nos quotidiens, contraignant la plupart d’entre nous à rester chez soi, à limiter ses déplacements au nécessaire. Dans cette période de confinement, la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne), le siège et ses fédérations ralentissent, annulent, reportent, leurs activités et les rassemblements au fur et à mesure, et préparent, bien sûr, la suite.
Les jeunes du milieu ouvrier et des quartiers populaires ainsi que leurs familles subissent et subiront de plein fouet les effets de cette crise sanitaire qui vient frapper durement les plus précaires et renforcer les inégalités. Car oui, nous ne sommes pas tous égaux face au confinement… Nous sommes nombreux et nombreuses, notamment au sein du mouvement à appréhender cette crise sanitaire.
La JOC souhaite soutenir tous ceux et toutes celles qui souffrent au travers de cette crise. Pour nous, mettre en lumière toutes ces situations et souffrances trop souvent sous estimées est primordial :
- Les jeunes qui continuent d’assurer les services nécessaires durant cette crise sanitaire : les soignantes et soignants, les travailleurs et travailleuses de l’agroalimentaire et des supermarchés, tous ceux et toutes celles en première ligne… Et celles et ceux qui doivent continuer de travailler dans certaines usines et qui subissent la pression de leurs employeurs pour être à leur poste coûte que coûte, au mépris de leur santé et de leur protection.
- Les jeunes privés d’emploi et souvent de droits, pour qui l’incertitude du lendemain était déjà grande et qui voient leurs recherches suspendues. Celles et ceux qui galèrent déjà à boucler les fins de mois en cumulant des petits boulots, et pour qui la recherche d’emploi n’est plus possible. Les jeunes en contrats courts et précaires qui voient leur mission s’arrêter sans aucune projection sur l’avenir : CDD, intérimaires, saisonnières et saisonniers, stagiaires, intermittentes et intermittents, travailleurs et travailleuses indépendants (livreurs notamment) …
- Les jeunes déjà isolés, « confinés » du quotidien, pour qui la JOC est parfois l’un des seuls lieux de rencontre avec d’autres jeunes, d’échange et d’émancipation. Celles et ceux à la santé fragile qui peinaient déjà à se soigner dignement qui vont voir leur état de santé s’aggraver.
- Les jeunes exclus des dispositifs d’aides, celles et ceux qui n’ont pas assez travaillé pour bénéficier de l’Assurance chômage, ou celles et ceux de moins de 25 ans qui ne peuvent bénéficier du RSA. Et celles et ceux qui n’ont pas accès à l’autonomie et se retrouvent avec leur famille à vivre confinés dans des appartements parfois exigus et insalubres.
- Les jeunes collégiens, lycéens, étudiants qui parvenaient déjà peu à se projeter* avec les nombreuses réformes (Bac, Parcoursup…). Cette situation vient ajouter du stress et de grandes incertitudes, sans parler des inégalités qui vont grandir : inégalités d’accès aux outils Internet, aux ordinateurs, aux espaces de travail…
Cette crise sanitaire aura de lourdes conséquences sur les vies des plus précaires. Nous craignons qu’elle accroisse les inégalités face à l’emploi, au logement, à la santé, à l’éducation… Cette période doit nous interroger sur le modèle de société que nous voulons et que la JOC a toujours défendu : plus de dignité pour les travailleurs et les travailleuses, plus de soutien aux privés d’emploi et aux précaires, plus de moyens matériels et humains pour nos services publics, …
Nous devons maintenant et pour la période à venir, imaginer de nouvelles manières de “faire mouvement”, de maintenir les liens. Nous, jeunes du milieu ouvrier et des quartiers populaires, savons organiser la solidarité, l’entraide et même la débrouille. Dans ce contexte, déployons nos attentions aux plus fragiles, à nos voisins, à nos copains et copines, à nos familles… Maintenons le lien, pour faire mouvement, organisons de nouvelles solidarités et entretenons nos luttes à venir. Car nous valons tous et toutes, jeunes du milieu ouvrier et des quartiers populaires, plus que tout l’or du monde.
La Jeunesse Ouvrière Chrétienne