Témoignage de Christiane
J’avais seize ans et je voulais faire quelque chose de ma vie. Je n’étais pas vraiment croyante.
Je suis retournée au patronage, mais il n’y avait plus que des enfants. Une animatrice m’avait dit de fouiller dans les magazines dans un trou pour m’occuper. Je suis tombée sur celui de la JOC, qui m’a très accrochée et que j’ai pu emporter.
En le lisant et le relisant je me suis dit que je voulais devenir jociste. J’ai été à la paroisse mais le prêtre âgé m’a dit qu’il n’y avait rien sur Vitry. Quelle déception !
Le dimanche d’après, je revenais de chez mon frère dans le train. J’avais repéré un groupe de filles et tout à coup, je les ai entendues chanter un des chants de la JOC que j’avais vu sur le magazine.
Alors j’ai demandé : « vous êtes jocistes ? » Elles m’ont dit « oui » ! Alors de tout cœur, je leur ai répondu : « Je veux être jociste ». En plus, elles étaient de Vitry comme moi. Elles étaient très étonnées de ma réponse si vive.
Dans la même semaine, j’ai été à ma première réunion et je m’y suis sentie très à l’aise. Au bout de quelques temps, j’ai été responsable d’un groupe de jeunes. Il fallait que je les raccompagne toutes chez elles. C’était la guerre et le couvre-feu était légèrement passé. Seule dans la rue, pour me donner du courage, je me suis mise à chanter un chant de guerre. Peu de temps après une main s’est posée sur mon épaule. J’ai cru que c’était un allemand et que j’allais être prise. En fait, c’était un agent français. Il m’a dit « Alors si ce n’était pas moi, chantez dans votre cœur ! »
Petit à petit, notre section s’est agrandie. Je n’ai jamais manqué une rencontre, une retraite, des sorties, des camps…Puis pendant les vacances, nous avons organisé quelques camps. Ce n’était pas toujours facile. Au premier camp où j’ai été, le groupe a chanté « J’unis ami Divin mon obscur offertoire » et bêtement j’ai demandé pourquoi l’on faisait cela à 12h20. Elles ont bien ri.
L’on a accroché beaucoup de jeunes et très très peu ont quitté la JOC. L’on a pu trouver du travail ou une formation pour certaines. Il a fallu aussi décider des familles pour laisser partir leurs filles.
Je suis devenue présidente de la section et j’ai continué jusqu’à 25 ans.
Christiane
Témoignage de Lionel
J’ai 18 ans lorsque je m’engage dans la vie active. Ouvrier, je vis la dureté du travail posté, le travail en 2×8, le bruit, les cadences. Je découvre dans le réel l’exploitation de l’homme par l’homme au profit de l’argent, du capital. Je découvre et vis aussi la solidarité, le partage, l’action. Certains dimanches matin, je me retrouve en réunion à la fédé avec d’autres jocistes «jeunes en usine» pour déposer notre vie de jeunes travailleurs. Je suis resté 9 ans dans cette usine, je me suis formé à l’action syndicale. La JOC m’a appris à travailler la relecture et à chercher à donner du sens à ma vie. Aujourd’hui à 58 ans, je reste engagé en Mission Ouvrière.
Lionel
Témoignage Yolande
La JOCF m’a fait devenir ce que je suis aujourd’hui, militante dans le monde et en Eglise. La JOCF est toujours présente dans ma vie…
Je suis toujours amie avec les copines de ma carte de relation, de la Révision de Vie. Elles me font faire le tour de France ; Monique, Sylviane, M-JO, Claude, Christiane, Joëlle…
Je me souviens de Paris 67, c’était les 40 ans de la JOC. C’était grandiose au Parc des Princes, 3 jours de fête, de partage, de rencontres, de chaleur. Le chant, je le connais par cœur :
« Paris 67, ce sera la fête,
des milliers de gars, des milliers de filles
Ce sera la JOC d’une vraie famille
Si tous nos amis viennent à Paris »
Oui 3 jours de canicule
Où les bouteilles d’eau éclataient
Où nous étions sous tente à Issy-les-Moulineaux
Où deux copines de Saumur restaient hospitalisées à Paris.
C’était mon premier rassemblement, 50 000 jeunes après il y a eu Objectif 74, en 78 les 50 ans de la JOC.
Ce qui m’a marqué aussi les slogans, les enquêtes
– La plus petite action a une répercussion internationale
– Les 3×8 : 8h de travail, 8h de repose, de temps libres, 8h de sommeil
Yolande