Jeunesse Ouvrière Chrétienne

[2025.12.15] 19 jocistes ont été béatifiés le samedi 13 décembre 2025 à Notre Dame de Paris

19 jocistes béatifiés à Notre Dame de Paris

Le 13 décembre 2025, 50 martyrs victimes de la persécution nazie ont été béatifiés à la Cathédrale Notre Dame de Paris. Parmi ces 50 catholiques envoyés au  Service du travail obligatoire (STO), figuraient 19 jocistes. Des jocistes et anciens jocistes de la JOC ont eu l’opportunité d’assister à cette célébration unique et pleine de sens. Ce fut un moment de foi intense et profondément chargé en émotions.

Nous pensons aujourd’hui aux bienheureux, qui ont choisi de rester fidèles à la foi, à la dignité humaine et à l’engagement jociste, même face à la violence et à la peur. Leur courage traverse le temps et continue de nous appeler à nous engager, aujourd’hui encore.

Qui étaient ces 19 jocistes ?

Voici leur biographie écrites par Dominique MORIN :

Né le 29 avril 1922, à Paris. Très vite il devient jociste, membre de la Jeunesse Ouvrière chrétienne, puis fédéral jociste. Le 3 août 1940, il se marie. Trois filles naîtront de cette union. Il est requis pour le STO quelques jours seulement après la naissance de la troisième.

Début août 1943, il part comme requis en Allemagne par crainte de représailles sur sa famille. Il est affecté à Weimar. Il devient alors responsable de l’Action catholique clandestine de Weimar. Dès le 15 août, il participe à une réunion clandestine de militants de la région ; nouvelle réunion les 4-5 septembre à Erfurt avec les responsables régionaux pour s’organiser plus activement. Des prêtres prisonniers « transformés » en Travailleurs civils se joignent à eux pour les assister dans les sacrements, auxquels s’ajoutent des prêtres clandestins. Ses relations épistolaires se multiplient et sont codées. Marcel Carrier écrit « sport » pour action catholique, par exemple. Il constitue une bibliothèque, alors que l’envoi de livres de France est interdit. Il se déplace souvent, presque tous les dimanches, pour des réunions et pour maintenir des contacts. Avec Jean Tinturier, ils sont les principaux animateurs de la « Fédération Thuringe ».

Il est arrêté le 17 avril à Weimar. Dans les locaux de la Gestapo à Gotha, il est interrogé par un spécialiste des questions religieuses. Il rejoint à la prison de Gotha onze compagnons arrêtés pour la même cause.

Il signe le 25 septembre sa condamnation : « par son action catholique auprès de ses camarades français, pendant son service du Travail obligatoire, a été un danger pour l’Etat et le peuple allemand ».

Le 12/10/44, il est conduit au camp de Flossenbürg, reçoit le n°28 905. Le témoignage de survivants nous permet de savoir qu’il est mort le 6 mai 1945 à Neustadt-sur-Tachau, sur la route d’évacuation du camp de Flossenbürg.
Source : T1, Martyrs de la Résistance spirituelle, C. Molette, éd. X. de G., 1999 ; Résistances chrétiennes dans l’Allemagne nazie, Fernand Morin, compagnon de cellule de Marcel Callo, D. Morin, éd. Karthala, 2014.

Né le 30 septembre 1923 à Coeuvres-et-Valsery (Aisne). Il se marie en 1943, lors d’une permission. Une fille nait de cette union le 29 mars 1944. Il est commis épicier à l’épicerie Hérou, à Ste Brice-sous-Forêt. Il appartient à la mouvance Jeunesse Ouvrière chrétienne, de notoriété publique, sans savoir s’il était vraiment affilié. Il est requis en décembre 1942 pour partir en Allemagne.

En Allemagne, il est affecté à une usine à Cologne. Il fait connaissance de prisonniers de guerre, scouts travaillant à la même usine que lui.

Les activités interdites qui vont lui valoir son arrestation sont de l’ordre de la participation à la messe des prisonniers de guerre à l’intérieur du kommando 624. Il empruntait un costume militaire pour s’infiltrer dans ce camp, participait ainsi à la messe dominicale et à des réunions d’action catholique. Il pouvait ainsi rendre des services aux prisonniers de guerre en envoyant du courrier à leur place car ses courriers étaient moins censurés en tant que Travailleur civil. Il démarra une action catholique en Cologne en lien avec les prisonniers de guerre scouts de ce camp.

Mais les nazis avaient décidé de favoriser et de développer la transformation de prisonniers de guerre en Travailleurs civils. Les prisonniers de guerre perdaient alors la protection de la Convention de Genève liée à leur statut de militaires et procuraient de la main-d’oeuvre aux allemands en redevenant simples civils. Pour inciter les prisonniers de guerre à demander cette transformation, et les détourner de toutes velléités de rébellion, les nazis payèrent des prostituées pour les débaucher. Certains ont même reçu des fausses dénonciations venues de France, par lequel leurs femmes les trompaient. A Cologne précisément, dans un de ces camps, une maison-close fut créée, fournies de femmes françaises. La surveillance de médecins allemands n’empêcha pas les maladies de se propager. René Ponsin protesta auprès des autorités allemandes de Cologne. Il obtint gain de cause et elle fut fermée.

En application du décret nazi du 3/12/43 contre l’action catholique française parmi les Travailleurs français en Allemagne nazie, il allait le payer de sa vie car il fut arrêté le 23 septembre 1943 par la Staatspolizei de Cologne. Il fut interrogé à la prison de Cologne.

Il fut déporté le 24 février 1944 au camp de Buchenwald (n°20846) ; transféré au kommando de Dora, puis à celui de Harzungen, puis Hellrich.

Il décéda d’un coup de feu le 22 avril 1945 à Falkenstein (Haut-Palatinat), lors de la marche d’évacuation.

Né le 24 mai 1919 à Besançon. Il suit l’école de l’Arsenal de Besançon. De famille très modeste, il gagne sa vie très tôt : en 1932 comme garçon de courses, en 1933 comme employé à l’agence bisontine du Crédit industriel d’Alsace-Lorraine.

A partir de 8 ans, il très engagé au niveau catholique : sert la messe, participe en 1936 à la fondation du mouvement pour les jeunes de « Coeurs Vaillants » ; en 1940 il est responsable du groupe naissant « JOC, Banques et bureaux à Besançon ».

Le 7 décembre 1942, il est requis pour partir au STO. Il est affecté à Eisenach.

Il devient responsable de l’action catholique à Eisenach à partir de Noël 1942-février 1943. Dans ce cadre, il lance des activités théâtrales, des loisirs, des cercles d’études, qui détournent les jeunes de la propagande nazie visant à les réduire à des bêtes de travail. Lui-même est affecté à l’essai des moteurs d’avions Juncker 52 et travaille 72 h par semaine (lettre du 21 mars 1944). Le 27-28 novembre 1943, il participe à une rencontre clandestine régionale à Erfurt, où il représente l’action catholique d’Eisenach avec le père Maurice Dubois-Matra, qui a accepté de quitter son statut de prêtre prisonnier pour devenir Travailleur civil et les assister pour les sacrements. Le clergé allemand est lui-même interdit d’assister les Français sous peine d’aller à Dachau.

Le 19 avril 1944, il est arrêté à Eisenach. Transféré dans les locaux de la Gestapo de Gotha, il est interrogé par un spécialiste des questions religieuses. Il rejoint à la prison de Gotha onze compagnons arrêtés pour la même cause.

Le 25 septembre 1944, il signe son motif de condamnation : « Par son action catholique auprès de ces camarades Français, pendant son service du Travail obligatoire, a été un danger pour l’Etat et le peuple allemand ».

Le 12 octobre 1944, il arrive à Flossenbürg et reçoit le n° 28 908. Les 23-25 octobre, il est transféré au kommando de Gusen, du camp de concentration de Mauthausen, avec le n° 108715.

Le 20 avril 1945, il décède au Revier du camp de Mauthausen.

Source : T1, Martyrs de la Résistance spirituelle, C. Molette, éd. X. de G., 1999 ; Résistances chrétiennes dans l’Allemagne nazie, Fernand Morin, compagnon de cellule de Marcel Callo, D. Morin, éd. Karthala, 2014.

Né le 11 janvier 1922 à Bombon-Mormant (Seine-et-Marne). En octobre 1936,il découvre la Jeunesse Ouvrière Chrétienne par un ami. Il est requis pour le Service du Travail Obligatoire en Allemagne instauré par une loi de Vichy le 27 juillet 1943.

En Allemagne, il est employé comme ajusteur dans une usine près de Postdam ; puis transféré dans un laboratoire de savons, à Dessau ; puis à Hirschberg où il est considéré comme chimiste, mi-septembre 43.

Les activités interdites qu’il développe s’articulent autour de son inclination pour l’action catholique, que ce soient avec des jocistes, des jecistes ou des scouts. Il devient très vite un des trois responsables de l’action catholique du lieu, organisant des cercles d’études et préparant
activement un pèlerinage pour Lourdes à leur retour en France pour entretenir l’espérance. Jusqu’à la libération de Paris, ses lettres étaient presque journalières. Puis le courrier fut stoppé.

En application du décret nazi du 3/12/43 contre l’action catholique française parmi les Travailleurs français en Allemagne nazie, il est arrêté le 4 décembre 1944 à l’usine. « Au total, 81 français ont été arrêtés, un seul est revenu. De plus tout ceci est arrivé très tard. Apparemment, il n’y avait aucun motif pour cela, sauf la J.O.C, elle non plus sans autre motivation. Nous n’avions aucun moyen de nous évader vers la France, étant si loin de notre patrie et à l’époque avec un front entre elle et nous. Je me rappelle très bien que le directeur de l’usine était intervenu pour faire libérer Touzé, mais en vain. Aucun patron allemand n’avait prise sur le parti nazi…. Il y avait eu une douzaine de jocistes arrêtés sur les 20 S.T.O » (témoignage de René Montaut à propos de René Touzé, mon plus proche ami).

Il est envoyé le 18 décembre 1944 au camp voisin de Gross-Rosen. Il est évacué à cause de l’avance de l’armée russe dans un « convoi-tombeau » vers un autre camp. Peu en sortaient vivants. Le 11 février 1945, il arrive au camp de Dora-Mittelbau (n°113 740).

Il décède le 18 février 1945 au camp de Dora-Mittelbau.

Né le 10 octobre 1914 à Peret Bel Air (Corrèze). Il arrive jeune à Clichy, en banlieue parisienne, où il devient magasinier. Dans le même temps, il entre à la section de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne à Clichy. Il devient fédéral jociste de Paris-Nord. Il fait la guerre 1939-1940 comme sergent à Sedan. Il se marie en octobre 1942. Début décembre 1942, il est désigné pour partir en Allemagne alors que sa femme est enceinte.

En Allemagne, il arrive à la mi-décembre à Berlin comme travailleur d’usine.

Les activités interdites de Marcel Croci sont multiples et appartiennent à plusieurs catégories. D’une part, il devient très vite un des responsables jocistes de l’apostolat catholique organisé parmi les Travailleurs français. Il rassemble des informations sur l’ensemble de la situation à Berlin. Celle-ci est devenue très difficile dès mai 1943 à cause de la surveillance allemande, de la main-mise de la Deutsche Arbeitsfront allemande sur toute l’organisation française des Travailleurs en Allemagne, et des infiltrations d’espions dans les mouvements catholiques clandestins. D’autre part, son curé en France, l’abbé Louis, est chef d’un groupe de résistance. Marcel Touquet va servir d’agent de renseignement pour ce réseau.

En application du décret nazi du 3/12/43 contre l’action catholique française parmi les Travailleurs français en Allemagne nazie, il est arrêté le 25 août 1944 à l’usine, quelques heures avant l’arrestation de Lucien Croci et quelques jours après celle de Robert Beauvais. Il est interrogé à Gross-Hamburger-Strasse, au même moment que ses amis responsables d’action catholique. Il n’est apparemment pas arrêté pour ses activités de résistance au sein du réseau de l’abbé Louis mais pour ses responsabilités catholiques.

Il est déporté vers le camp d’Oranienbourg-Sachsenhausen ; transféré à Ravensbrück (n°11403), puis au kommando de Peenemünde (n°11403) ; puis enfermé dans un convoi de 300 malades dans des wagons cadenassés abandonnés en pleine forêt.

Il décède sans doute après le 24 janvier 1945.

Né 10 août 1922 à Saint-Etienne (Loire). C’est un étudiant brillant. A 20 ans, il est classé 1er de sa promotion à l’Ecole de Chimie industrielle de Lyon, envisage un doctorat après avoir reçu le prix Victor Grignard pour sa licence es-sciences passée en même temps. Atteint par l’âge requis pour partir au STO, son père lui conseille de se porter « volontaire pour bénéficier du choix de l’emploi en Allemagne ». Mais il était aussi très engagé dans la paroisse en tant que jeciste, de la Jeunesse étudiante chrétienne. A la fin de l’année universitaire, il part le 6 juin 1943.

En Allemagne, il est affecté à Halle comme chercheur dans un laboratoire de chimie, à l’usine Buna-Werke à Schkopau ür Mersburg, une fabrique de caoutchouc synthétique. Il occupe la chambre 22 avec d’autres ingénieurs chimistes. Ils auraient pu rester séparés des autres STO, prenant une place de caste supérieure, place favorisée par l’idéologie nazie.

Les activités interdites qu’il met en oeuvre, aussitôt sorti de l’usine, tiennent à sa solidarité avec les autres Travailleurs français du camp. Il est sollicité pour les aider dans leurs démarches car il connait parfaitement l’allemand. Ce groupe catholique de la « baraque des chimistes », avec comme aumônier Pascal Vergez, va se donner au service des 1200 STO du camp, regroupant d’anciens jécistes, jocistes et scouts. Il devient vice-président, puis président, de l’Amicale des Travailleurs français, qui organise des loisirs et un service d’entraide auprès des plus défavorisés. Son camarade Guy Barbier de Courteix témoigne comment au travail : « il ne remettait à son Docteur que les résultats succints et qu’il gardait le secret de sa découverte. Cela lui demandait un travail beaucoup plus grand, mais il préférait s’y astreindre…là où Jean eut du mérite, c’est de ne pas se laisser entraîner par sa science…le sentiment naturel voudrait que l’on cherchât à faire des progrès, mais le sentiment patriotique demandait au contraire que l’on gardât une certaine réserve ».

En application du décret nazi du 3/12/43 contre l’action catholique française parmi les Travailleurs français en Allemagne nazie, il est arrêté le 2 novembre 1944 à l’usine, 3ème après l’aumônier et le délégué, qu’il a été amené à remplacer. Il est interrogé à la prison de Halle, où il
est torturé comme les autres pour dénoncer ses camarades. Il contracte à la prison la fièvre Typhoïde en février 1945.

Il est envoyé le 2 mars 1945 au camp de concentration de Mauthausen (n°135090). Le 23 avril, il est déposé vivant près du four crématoire. Il dit à un de ses camarades venu le trouver, songeant au pèlerinage à Lourdes projeté pour le retour : … « Si je ne puis aller à Lourdes sur terre, j’irai à Lourdes dans le ciel. Je me suis trop fatigué à la Buna pour les camarades. Je vais aller me reposer ».

Il décède le 24 avril 1945, jeté dans le four crématoire, mort ou encore vivant ?

André Vallée est né le 9/11/19 à Mortagne au Perche (Orne). Après un certificat d’études, Il devient conducteur de machines à l’imprimerie de l’Oeuvre de La Chapelle-Montligeon en 1934. En même temps, il adhère à la Jeunesse Ouvrière Chrétienne, dont il devient fédéral jociste de l’Orne dès 1941.

Juin 1940, il est mobilisé, puis fait prisonnier à Poitiers. Libéré, il est envoyé dans un camp de jeunesse en Auvergne. Novembre 1942, il prend la place d’un père de famille requis et part au STO pour Gotha en Thuringe.

Dès son arrivée, il repère 3 autres membres d’action catholique avec qui il fonde un premier groupe de réflexion. Les sections jocistes qu’il met sur pied avec son frère Roger, séminariste, s’élargissent jusqu’à compter 60 membres. Ils se répartissent l’entraide, André visite les malades dans les hôpitaux.

André s’occupe plus spécialement de la bibliothèque qu’ils ont créée, alors que l’envoi de livres depuis la France est interdit ; des répétitions de chants, de la mise en place de messes de soutien aux français ; des contacts tous les deux mois avec les responsables JOC des autres régions ; le tout clandestinement, tout groupe confessionnel étant interdit.

Source : T1, Martyrs de la Résistance spirituelle, C. Molette, éd. X. de G., 1999 ; Résistances chrétiennes dans l’Allemagne nazie, Fernand Morin, compagnon de cellule de Marcel Callo, D. Morin, éd. Karthala, 2014.

 

Né le 15 novembre 1919 à Aubervilliers, en banlieue parisienne. Il devient imprimeur à l’issue de son apprentissage. Scout dès 1929, il lance la Jeunesse Ouvrière Chrétienne à Vincennes en 1936, puis devient dirigeant régional jociste de Paris en 1942. Il effectue son service militaire en 1940. Du 1er août 1940 à janvier 1941, il est appelé aux Chantiers de la Jeunesse. Juin 1943, il est requis pour le Service du Travail Obligatoire, à cause de la loi de Vichy qui oblige les jeunes nés en 20-22 à fournir de la main-d’oeuvre à l’Allemagne.

En Allemagne, il arrive le 30 juin 1943 et est affecté à Berlin à la firme F.M. Schultze.

Ses activités interdites de type action catholique le mettent très vite en danger, à cause de la situation de Berlin, où des pressions policières et des infiltrations de mouchards s’exercent particulièrement. Il est responsable de l’action catholique pour Berlin-Sud-Ouest.

En application du décret nazi du 3/12/43 contre l’action catholique française parmi les Travailleurs français en Allemagne nazie, il est arrêté à l’usine le 26 août 1944 par la Gestapo pour « activité catholique non politique » (d’après une fiche officielle établie après la guerre).
Pendant les interrogatoires, il se déclare solidaire de ses camarades arrêtés en même temps que lui pour les mêmes raisons. Ils sont incarcérés à la prison de Gross-Hamburger-Strasse.

Il est déporté le 24 septembre 1944 au camp de concentration de Oranienburg- Sachsenhausen (n°104461) ; puis transféré à Ravensbrück (n°10996). Il est embarqué dans un convoi d’invalides à destination inconnue et de non-retour.

Il décède le 27 mars 1945 dans un kommando de Ravensbrück. Il est aujourd’hui enterré cimetière de Barth » / Friedhof Barth.

Né le 6 juillet 1921 à Borgo Valsugana (Trentin, Italie).

Son père émigre en France par manque de travail. La famille s’installe à Romainville, le père ayant trouvé un emploi de menuisier. A. Dall’Oglio est naturalisé français le 6 octobre 1938. Il devient aide-préparateur dans une pharmacie à Levallois-Perret. Il comprend le nazisme grâce à un médecin juif réfugié rencontré là-bas. Dans le même temps, il entre à la Jeunesse Ouvrière Chrétienne, dont il devient le dirigeant fédéral jociste de Paris-Est en 1940. Il est convoqué pour partir au Service du Travail Obligatoire le 3 mars 1943, à la suite de la loi de Vichy qui prévoit d’envoyer tous les jeunes nés en 20-22 travailler en Allemagne.

En Allemagne, il est employé comme manoeuvre dans l’usine de fabrique de peintures et de laques Warnecke and Böhm, à Berlin-Weissensee.

Les activités interdites auquel il participe sont de son ressort de fédéral jociste : organiser des secteurs d’action catholique. Il devient très vite dirigeant jociste responsable pour la zone Nord-Est de Berlin, déborde d’activités pastorales : souci des malades, cercles d’études, réunions diverses dans les cafés ou dans les bois.

En application du décret nazi du 3/12/43 contre l’action catholique française parmi les Travailleurs français en Allemagne nazie, il est arrêté le 6 juin 1944 en même temps que 15 dirigeants catholiques du Nord de Berlin. Les interrogatoires sont très bien renseignés côté nazi. Ils sont emprisonnés à la prison d’Alexander-Platz.

Il est envoyé le 9 septembre à l’Arbeitserziehungslager de Wülheide. C’est un camp de redressement par le travail. Ils ont été créés spécialement pour dissuader les Travailleurs forcés de continuer toute résistance. Ils y sont envoyés pour un court séjour, leur état au retour devant être dissuasif pour ceux qui auraient des velléités de rébellion au système nazi. Les conditions y sont extrêmement dures.

Il décède d’épuisement le 31 octobre 1944 à Wühleide.

Né le 6 septembre 1920 à Blesme (Marne). Il est chaudronnier, adhère à la JOC en novembre 1940. La loi de Vichy du 4 septembre 1942 enjoint aux services français de fournir de la main-d’oeuvre qualifiée pour travailler en Allemagne. Il est ainsi désigné par son entreprise, la SNCF. Il part en Allemagne le 13 octobre suivant, avec son frère et 26 autres des Ateliers des Chemins de fer.

En Allemagne, il est affecté à Karlsruhe, pour travailler dans une usine de machines à coudre « Excelsior ».

Les activités interdites tournent autour de la pratique religieuse et du soutien mutuel avec de l’entraide, des visites aux malades. Ils organisent des messes en français à l’aide de prêtres allemands, mettent en place des cercles d’études clandestins chez les religieuses du pays. Ils accueillent même un prêtre français clandestin, l’abbé Laugeois, qui célèbre avec eux des messes interdites en français.

En application du décret nazi du 3/12/43 contre l’action catholique française parmi les Travailleurs français en Allemagne nazie, ils sont arrêtés le 29 janvier 1944 à Karlsruhe par la Gestapo. Les questions lors des interrogatoires sont très précises à cause de la déposition écrite d’un mouchard qui a infiltré les militants catholiques. H. Euzénat est emprisonné à Bruchsal.

Il est déporté à Dachau (n° 76389), à Mauthausen (n°89394), puis transféré dans divers commandos.

Il décède le 25 avril 1945. Ce jour-là, il fut emmené au four crématoire, complètement usé, tuberculeux, mort ou vivant ?

Né le 3 avril 1920 au Havre (Seine Maritime). Il est menuisier, travaille comme torréfacteur, puis dans une fabrique de meubles. Dès 1938, il adhère à la JOC.

Le 20 juillet 1943, il est requis pour le Service du Travail obligatoire en vertu d’une loi du gouvernement de Vichy du 16 février 1943 décidant l’envoi d’ouvriers en Allemagne pour les jeunes tous nés en 20-22.

En Allemagne, il est affecté à Cologne aux camps de l’Autobahn à Delbruck puis de Bayenthal Sud Park, et versés dans l’organisation Todt pour la réfection des chemins de fer. Février 1944, il revient en France pour une permission avec son ami Bernard Lemaire. En accord avec sa fiancée, Bernard Lemaire est reparti avec M. Grandet. Ils voulaient continuer leur activité d’apostolat en Allemagne, comme le déclara Bernard Lemaire à son aumônier en France devant sa fiancée : « Nous avons organisé dans mon secteur la préparation des Pâques. Si je n’y retourne pas il y aura un trou ».

Les activités interdites qu’ils développent dans le cadre de leurs engagements catholiques :
visites de malades, cercles d’études avec commentaires de l’Evangile, constituent un réseau organisé d’aide et de soutien luttant contre la résignation, le découragement et la peur des Travailleurs exilés soumis à la propagande nazie.

En application du décret nazi du 3/12/43 contre l’action catholique française parmi les Travailleurs français en Allemagne nazie, ils sont arrêtés le 20 juillet 1944 à Cologne. Le motif officiel de déportation inscrit en 1946 sur l’attestation délivrée par le ministère des Anciens Combattants aux ayants cause de Bernard Lemaire est ainsi libellé : activité d’ordre religieux, influence sur les jeunes ouvriers français de Cologne et des environs. Ils sont interrogés et incarcérés à la prison de Brauweiler de juillet à septembre 1944.

Ils sont déportés à Buchenwald où ils arrivent les 16/17 septembre 1944 (n°81786 et n°81787).
– Bernard Lemaire, immatriculé n° 81 786, est décédé du typhus le 11/10/44.
– Maurice Grandet, immatriculé n° 81 789, est décédé du typhus le 12/10/44

Né le 23 octobre 1922 à Paizay-le-Sec (Vienne), il est fiancé. Il travaille comme employé de banque au Crédit de l’Ouest de Châtellerault. Entré à la Jeunesse Ouvrière Chrétienne, il en devient le responsable fédéral. C’était déjà un groupe clandestin en zone occupée, tout autant que les scouts, alors même qu’il était le responsable de 250 militants. Aussi son aumônier a-t-il déclaré qu’ils étaient déjà très surveillés. Tous les papiers afférant à cette activité ont été brûlés par précaution à l’époque par cet aumônier, l’abbé Chesseron. Le 8 mars 43, il est requis pour l’Allemagne pour le Service du Travail Obligatoire.

En Allemagne, il est affecté au travail d’entretien à l’usine de traitement de charbon à Mücheln-Geiseltal, près de Leipzig.

Les activités interdites qu’il développe sont dans le prolongement de son dynamisme déjà concrétisé en France. Il recherche d’autres chrétiens. En juillet 1943, il rencontre ainsi Clément Cotte à la sortie d’une messe, récemment arrivé comme prêtre clandestin dans la région. Celui-ci lui demande de devenir responsable catholique du camp de Mücheln. Il répond qu’il ressent comme une mission cet apostolat auprès des Travailleurs Français. Devenu membre de l’équipe coordinatrice de la région de Halle, il anime de nombreuses réunions dans toute la région, et même des récollections de plusieurs jours.

En application du décret nazi du 3/12/43 contre l’action catholique française parmi les Travailleurs français en Allemagne nazie, il est arrêté le 13 septembre 1944 à l’usine, par les gendarmes sur ordre de la Gestapo, pour activités religieuses. Les interrogatoires à la prison de Halle sont musclés et portent sur les mêmes chefs d’accusation que pour les autres militants d’Action catholique arrêtés en même temps que lui. « Tu es jociste-führer de Mücheln. Vous recevez tous vos consignes de Suhard. Ceci montre bien le motif de votre arrestation. Vous êtes ici pour lutter contre le national-socialisme, et donc contre le moral de l’Allemagne ». La Gestapo a utilisé les mêmes termes pour interroger André Parsy. Ses lettres à un autre jociste avaient été confisquées auparavant par la Gestapo, lors d’une arrestation. Y étaient révélées ses activités jocistes. Il fut donc spécialement interrogé sur les activités « révolutionnaires » de la JOC. Il est emprisonné à la prison de Halle ou il retrouve les autres responsables catholiques de la région.

Il est envoyé le 21 novembre au camp disciplinaire de Spergau, puis à Zöschen, d’où on ne revient pas.

Il décède le 3 janvier 1945 au Revier du camp de représailles de Zöschen.

 

Né le 27 juillet 1920 à Gonneville-la-Mallet (76). Il est menuisier et adhère à la jeunesse ouvrière chrétienne, JOC en France. Il en crée une section sur le plateau d’Aplemont, puis devient dirigeant Fédéral de la JOC du Havre en 1942.

Le 20 juillet 1943, il est requis pour le Service du Travail obligatoire en vertu d’une loi du gouvernement de Vichy du 16 février 1943 décidant l’envoi d’ouvriers en Allemagne pour les jeunes tous nés en 20-22.
En Allemagne, il est affecté à Cologne aux camps de l’Autobahn à Delbruck puis de Bayenthal Sud Park, et versés dans l’organisation Todt pour la réfection des chemins de fer. Février 1944, il revient en France pour une permission avec son ami Maurice Grandet. En accord avec sa fiancée, Bernard Lemaire est reparti avec M. Grandet. Ils voulaient continuer leur activité d’apostolat en Allemagne, comme le déclara B. Lemaire à son aumônier en France devant sa fiancée : « Nous avons organisé dans mon secteur la préparation des Pâques. Si je n’y retourne pas il y aura un trou ».

Les activités interdites qu’ils développent dans le cadre de leurs engagements catholiques :
visites de malades, cercles d’études avec commentaires de l’Evangile, constituent un réseau organisé d’aide et de soutien luttant contre la résignation, le découragement et la peur des Travailleurs exilés soumis à la propagande nazie.

En application du décret nazi du 3/12/43 contre l’action catholique française parmi les Travailleurs français en Allemagne nazie, ils sont arrêtés le 20 juillet 1944 à Cologne. Le motif officiel de déportation inscrit en 1946 sur l’attestation délivrée par le ministère des Anciens Combattants aux ayants cause de B. Lemaire est ainsi libellé : activité d’ordre religieux, influence sur les jeunes ouvriers français de Cologne et des environs. Ils sont interrogés et incarcérés à la prison de Brauweiler de juillet à septembre 1944.

Ils sont déportés à Buchenwald où ils arrivent les 16/17 septembre 1944 (n°81786 et n°81789).
– Bernard Lemaire, immatriculé n° 81 786, est décédé du typhus le 11/10/44.
– Maurice Grandet, immatriculé n° 81 789, est décédé du typhus le 12/10/44.

Né le 23 avril 1921 à Feneu (Maine-et-Loire). Dès 1936, il est ouvrier patissier à Angers. Il est militant jociste de 1938-1943. Le 23 mars 1943, il est requis pour partir en Allemagne au titre du STO, il craint des représailles pour sa famille.

En Allemagne, il est affecté à une usine de fabrique de carton Fedor-Schoen, puis dans une usine de machines-outils à Köln-Pors, l’usine Schutte.

Les activités interdites sont de l’ordre de l’action catholique : liturgie, services d’entraide, cercles et journées d’études. Il se comporte comme un véritable animateur des réunions clandestines et des cérémonies religieuses.

En application du décret nazi du 3/12/43 contre l’action catholique française parmi les Travailleurs français en Allemagne nazie, il fut arrêté le 13 juillet 1944 en même temps que les 12 franciscains et B. Morizot. Il est emprisonné à la prison de Brauweiler.

Il est déporté les 17/18 septembre 1944 à Buchenwald (n°81780) ; puis transféré à un kommando.

Il décède le 20 mars 1945, épuisé.

Né le 27 juin 1923 à Ferrières-la-Verrerie (Orne). Après avoir suivi l’école communale en Normandie et à Paris, il passe le certificat d’études en 1936. Il suit un apprentissage de mécanicien
en machines à écrire à l’école professionnelle de la ville de Paris, avenue Gambetta. En 1939, il entre au travail à l’atelier de réparations de machines à écrire à la Compagnie Réal.

A partir de 1936, il devient actif à la Jeunesse Ouvrière chrétienne : prépare le congrès de 1937, devient responsable de sa section en 1939, fédéral jociste en 1940. Il crée en 1940 avec le Secours Populaire un service d’entraide et de solidarité des familles les plus pauvres.

Le 6 novembre 1942, il devance l’heure de la réquisition au STO pour prendre la place d’un camarade marié père de deux enfants.

Envoyé à Géra, il lance l’action catholique sur place. Il repère et regroupe scouts, jocistes, jacistes (Jeunesse Agricole chrétienne) dans des réunions communes. Il reste en relation avec la France pour l’envoi de colis et avec de nombreux militants catholiques. Le 31 janvier 1943, il en était à 240 lettres. Il incite ses camarades à étudier la situation dans deux enquêtes : sur l’immoralité dans les camps de Travailleurs, et sur l’ignorance de la messe. Il ne sait pas que Sauckel, le responsable de la main-d’oeuvre, agit délibérément en ce sens en payant des espions et des prostituées auprès des Travailleurs français, pour évacuer chez eux tout sens moral.

Vers mai 1943, il rencontre un prêtre prisonnier, l’abbé Rabourdin. A la suite de cette rencontre, celui-ci demande sa « transformation » en Travailleur civil pour assister ces jeunes dans les sacrements, puisque le clergé allemand a interdiction de les assister.
Ils multiplient visite et réunions à Géra et dans les environs.

Le 19 avril 1944, il est arrêté et emmené à Gotha. A la Gestapo de Gotha, il est interrogé par un spécialiste des questions religieuses. Il rejoint à la prison de Gotha onze compagnons arrêtés pour la même cause.

Il signe le 25 septembre sa condamnation : « par son action catholique auprès de ses camarades français, pendant son service du Travail obligatoire, a été un danger pour l’Etat et le peuple allemand ».

Le 7 octobre 1944, il part de la prison, arrive le 12 octobre au camp de Flossenbürg, avec comme immatriculation le n°28902. Le 17 octobre, il est affecté au kommando de Zwickau. Il est achevé au Revier de Zwickau à coup de planches le 4 avril 1945.

Source : T1, Martyrs de la Résistance spirituelle, C. Molette, éd. X. de G., 1999 ; Résistances chrétiennes dans l’Allemagne nazie, Fernand Morin, compagnon de cellule de Marcel Callo, D. Morin, éd. Karthala, 2014.

Né le 14 juillet 1924 à Paris. Orphelin de père, il est soutien de famille. Après un certificat d’études primaires, il travaille comme tourneur-fraiseur à l’usine « La Licorne », dans la banlieue Ouest de Paris. En même temps, il adhère à la Jeunesse Ouvrière Chrétienne de son quartier, « La Goutte d’Or », à Paris. Malgré qu’il soit soutien de famille, il participa à une réunion régionale de militants catholiques afin d’étendre leur action dans la région.

En application du décret nazi du 3/12/43 contre l’action catholique française parmi les Travailleurs français en Allemagne nazie, il fut arrêté début mars 1944 à Brunswick par la Gestapo, accusé de « réunions clandestines de JOC ». Il est sommé d’arrêter.

Il est envoyé au Camp disciplinaire 21 de Waltendstet-Hallendorf. C’est une mesure displinaire en application de la circulaire du 3/12/43 (mesure officielle n°5). Un mois plus tard, il est admis à l’hôpital, extrêmement affaibli et atteint d’un début de pleurésie.

Il décède le 4 mai 1944 à Waltendstet-Hallendorf des suites d’une bronchite et d’une pleurésie purulente. Son corps est ramené au cimetière de St Ouen en 1949.

Né le 20 février 1922 à Vertus (Marne). Après un certificat d’’études et une année de cours complémentaire, il suit l’école d’horticulture du Breuil. De 1940 à 1942, Il travaille comme horticulteur à la maison Chambost à Ivry. Il adhère très tôt à des mouvements catholiques pour la jeunesse. Au travail, il devient jociste, adhérent à la Jeunesse Ouvrière Chrétienne. Il devient l’un des responsables dès 1940.

Le 21 décembre 1942, part comme requis en Allemagne à la place d’un père de famille requis. A Erfurt, il travaille chez un horticulteur, Rosen Müller. Il lance avec 5 jocistes un premier cercle d’étude dès son arrivée. Puis il crée 5 sections locales dans les alentours dès le début 1943. Il organise même une rencontre régionale les responsables catholiques en Thuringe Nord les 4-5 septembre 1943. Mais les correspondances écrites, les déplacements que ces initiatives entraînent, attirent l’attention de la police.

Lors d’une permission en France, il repart avec une valise chapelle pour procurer aux prêtres clandestins les moyens de dire la messe. Il la camoufle dans sa chambre avec des vêtements sacerdotaux pour dire la messe. Le 19 avril, il est arrêté à Erfurt, et emmené à Gotha. La Gestapo se sert de la valise chapelle et des vêtements sacerdotaux trouvés dans ses affaires lors des interrogatoires pour l’avilir, lui et ses compagnons arrêtés pour la même cause. En effet, ils sont interrogés par un spécialiste des questions religieuses.

Incarcéré à la prison de Gotha avec ses 11 compagnons, il réussit à faire rentrer dans la cellule, qu’il partagea à onze, un bouquet de fleurs d’immortelles. Il en façonna une croix. Il les avait cueillies à l’extérieur, puisque les prisonniers sortaient tous les jours pour travailler dans les fermes avoisinantes, surveillés par leurs gardiens. Cette croix d’immortelles fut bénie par l’abbé Lecoq qui l’accrocha au mur et ils prièrent devant.

Le 25 septembre 1944, il signa son motif de condamnation : « Par son action catholique auprès de ces Français, pendant son service du Travail obligatoire, a été un danger pour l’Etat et le peuple allemand ».

Le 12/10/44, Camille partit pour Flossenbürg, reçut le n° 28 901. Transféré le 30 octobre au kommando de Zwickau (usine d’armement), il revint, malade, à Flossenbürg, où il décéda le 15 avril 1945.

Source : T1, Martyrs de la Résistance spirituelle, C. Molette, éd. X. de G., 1999 ; Résistances chrétiennes dans l’Allemagne nazie, Fernand Morin, compagnon de cellule de Marcel Callo, D. Morin, éd. Karthala, 2014.

Né le 24 décembre 1922 à Roubaix (Nord). Il est employé dans l’entreprise de textile « Fils de L. Mulliez, Phildar ». Il fit partie de la Jeunesse Indépendante Chrétienne, J.I.C, avant de devenir JOC, Jeunesse Ouvrière Chrétienne, dont il devient le responsable en 1943 auprès de sa paroisse de Roubaix. Il est requis le 12 mars 1943 au titre du S.T.O., le Service du Travail Obligatoire créé par une loi de Vichy pour envoyer tous les jeunes de 20-22 ans travailler en Allemagne.
En Allemagne, il est affecté à l’entreprise Dicker et Werneburg (Halle). Il souffre d’isolement et de l’amoralité ambiante, ce qui va le pousser, tout comme ces catholiques arrêtés à la suite du décret du 3/12/43, à créer des groupes d’amitiés, une bibliothèque, un service de sport et loisirs.

Les activités interdites s’avèrent liées à cette capacité de résister à la propagande nazie par des actions concrètes. Il devient responsable de son secteur, en réponse à la demande de Clément Cotte, prêtre clandestin arrivé en Saxe en juillet 43. Il regroupe 7 fédéraux jocistes dans la région, et entretient des liens avec les responsables de Halle.
En application du décret nazi du 3/12/43 contre l’action catholique française parmi les Travailleurs français en Allemagne nazie, il est arrêté le 4 octobre 1944 à Eisleben à cause de ses activités jocistes. Interrogé à la prison de Halle, la Gestapo lui reproche ses activités en ces termes : « tu es jociste-führer d’Eisleben. Vous recevez tous vos consignes de Suhard. Ceci montre bien le motif de votre arrestation.

Vous êtes ici pour lutter contre le national-socialisme, et donc contre le moral de l’Allemagne. » Ils sont huit responsables emprisonnés à la prison de Halle. Les nazis leur font miroiter une libération immédiate en échange de renoncer à leur idéal jociste et à se mettre au service de la Gestapo.

Il est envoyé le 21 novembre au camp disciplinaire de Spergau ; puis à celui de Zöschen.

Il décède le 26 décembre 1944 à l’hôpital « russe » de Trebitz.

Né le 12 juin 1920 à Romans (Drôme). Août 1936, il employé à l’épicerie-droguerie en gros Boutin à Romans. Puis il est coupeur à l’usine Cuirs Meillon. En 1937, il adhère à la Jeunesse Ouvrière Chrétienne, dont il devient responsable fédéral. Il se fiance le 4 octobre 1942. Le 20-23 mars, il part requis pour le STO, en solidarité avec la classe ouvrière : « fallait-il répondre à l’ordre de réquisition ou refuser ? Nous avons un instant envisagé cette seconde hypothèse, rester sur place et attendre que l’on vienne nous chercher menottes aux poignets et partir entre deux gendarmes. Après quelques minutes de réflexion, Jean (Perriolat) dit : Non, pour dix minutes de « galerie », on ne peut pas laisser tomber les copains » (témoignage Michel Lemonon, aumônier jociste de Romans à l’époque).

En Allemagne, il arrive à Breslau le 23 mars 1943. Il est affecté au complexe Phrix à Hirschberg au service «entretien et réparations ». C’est une usine de produits chimiques synthétiques où un centaine de français sont employés sur 5000 Travailleurs de toutes nationalités.

Les activités interdites qu’il développe correspondent à sa solide formation antérieure depuis la France de jociste. Il n’a pas peur d’obtenir des messes spéciales pour les français, devient responsable de l’action catholique en Basse-Silésie, prend contact avec les prisonniers et leurs aumôniers. Ils conjuguent ainsi leurs efforts pour créer des Cercles d’Etudes, qui se tiennent pour beaucoup chez les religieuses d’Hirschberg.

En application du décret nazi du 3/12/43 contre l’action catholique française parmi les Travailleurs français en Allemagne nazie, il est arrêté le 26 novembre 1944 à l’usine. Dans les arrestations d’Hirschberg, qui dépassèrent la centaine, il y eut près de 90 prisonniers de guerre qui avaient refusé les « cercles Pétain ». La douzaine de requis STO arrêtés le fut pour action catholique, vendus par un volontaire français qui faisait son rapport sur le lag toutes les semaines. Des interrogatoires à la prison de Breslau ou de Hirschen ont lieu.

Il est envoyé le 18 décembre 1944 au camp concentration voisin de Gross-Rosen. Devant l’arrivée de l’armée russe, des « convois-tombeaux » sont évacués vers les autres camps, d’où peu de détenus survivront. Il arrive à Mauthausen le 15 février 1945 (n°128 885).

Il décède le 14 avril 1945 au camp de Mauthausen.

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