La vie devant nous, récits de jeunes privés d’emploi, sortira en librairies début 2019 avec Les Editions de l’Atelier. Patrice Bride de la Coopérative « Dire le travail » en est l’auteur, même s’il rappelle régulièrement qu’il n’est pas seul dans ce projet ! Il nous raconte ce que cette aventure collective lui a procuré, comment ces récits démontent les préjugés sur la privation d’emploi…
- Pourquoi avoir dit oui quand la JOC vous a proposé ce projet ?
Patrice Bride : Parce que c’était une occasion à ne pas manquer de rencontrer de vraies gens, pour avoir de vraies discussions avec des jeunes. C’est un point qui me frappe dans mon activité actuelle : je suis amené fréquemment à rencontrer des personnes de milieux très différents, et ça me fait mesurer à quel point nous sommes souvent cloisonnés dans nos relations professionnelles ou amicales. Que connait-on de la vie des autres ? Quelles occasions a-t-on de discuter de façon approfondie d’une question aussi délicate que les effets du chômage ? Je suis convaincu que nous avons tous besoin de rencontres pour secouer un peu nos représentations trop rapides de la vie d’un jeune confronté à une insertion professionnelle difficile. J’ai trouvé donc précieux de prendre trois jours comme nous l’avons fait dans le cadre de ce projet pour discuter pour de bon. Nous avons eu le temps de faire connaissance, de prendre du recul sur le quotidien, de réfléchir à cette question de la privation d’emploi, de ce qu’on pouvait en dire, en partager. - Quelles sont les surprises de cette aventure ?
Patrice Bride : J’appréhendais un peu le contact avec les jeunes qui sont dans des situations personnelles délicates, puisque sans-emploi. Je savais bien que je n’aurais pas à faire aux chômeurs que fréquentent le ministre des Finances, ceux qui parait-il utilisent leurs indemnités pour prendre des vacances aux Bahamas. Mais je n’ai pas rencontré des jeunes désespérés, déprimés, découragés. Aucun d’entre eux ne s’en satisfait bien sûr, mais chacun vit cette privation d’emploi à sa façon : une enclume à trimbaler, une épreuve à surmonter, une occasion de rebondir. Et, je vous rassure, tous sont bien vivants, au sens le plus fort du mot. Tous ont envie de vivre, d’avancer, et même de le faire savoir au travers de ce livre. - Aujourd’hui, est-ce que le terme « privé·e d’emploi », ça vous parle ?
Patrice Bride : Tout à fait : il est insupportable de considérer que c’est aux chômeurs de « chercher un emploi » alors qu’on sait bien qu’il n’y en a pas en nombre suffisant. Il n’y a pas cinq millions d’emplois disponibles, et il ne suffit pas de s’inscrire à Pôle Emploi pour trouver celui qui convient. Le système économique actuel revient donc bien à priver une partie de la population active d’emploi en bonne et due forme. C’est bien ce que m’ont raconté ces jeunes : leur problème n’est pas de ne pas savoir ou de ne pas avoir envie de chercher, mais bien qu’il n’y a pas grand-chose à trouver ! - Quelles sont vos attentes ou souhaits avec la sortie du livre ?
Patrice Bride : Pour moi, ce livre est une machine à casser les préjugés, les représentations trop simplistes que chacun peut avoir de ces jeunes, peut-être même des personnes privé·es d’emploi en général. Ce que j’espère, c’est que la lecture de ces récits donnera envie d’aller rencontrer les jeunes que l’on peut avoir autour de nous pour discuter avec eux de leur situation, de la façon dont ils la vivent. Ou bien, pour les jeunes dans la même situation, que cela les encourage à prendre la parole à leur tour : ça fait tellement du bien !
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