Le 10 janvier 2O23, le gouvernement français a présenté un projet de loi pour modifier le système actuel des retraites. Cette nouvelle réforme implique notamment le recul de l’âge légal du départ à la retraite de 62 à 64 ans.
Cette annonce a soulevé de vives contestations dans le pays. Des citoyens de toutes catégories d’âge, de tous les genres, de tous les métiers et de toutes les régions se sont mobilisés contre cette réforme injuste en descendant dans la rue. Nous pouvons citer les grèves et manifestations des 19 et 27 janvier, des 6 et 16 février et des 7, 8 et 9 mars 2023 qui ont rassemblé des millions de Français engagés dans la lutte pour leurs droits.
Pourtant, malgré cette mobilisation massive, le gouvernement a choisi de passer en force le 16 mars 2023. Madame Borne, Première Ministre, a utilisé l’article 49.3 pour la 11ème fois, refusant ainsi de soumettre la réforme au vote de l’Assemblée nationale et refusant d’écouter ses citoyens. C’est un déni de démocratie.
En réponse, une motion de censure a été votée ce lundi 29 mars 2023 à l’Assemblée nationale. Afin de contraindre le gouvernement à démissionner, il fallait atteindre les 287 voix.
Avec 278 députés ayant voté en faveur (297 contre), c’est seulement à 9 voix près que la motion de censure a été rejetée. Un résultat que ne convainc pas. Presque la moitié des députés qui représentent les Français sont favorables à cette motion de censure. Ne pas prendre en compte la moitié des représentants des Français, c’est un déni de démocratie.
La réforme des retraites se focalise sur des nombres, les statistiques, elle en oublie l’Humain. Les chiffres mettent à distance les vies des plus précaires, les vies de ceux effectuant des métiers pénibles, les vies des femmes largement lésées par la réforme, et les vies des jeunes du milieu ouvrier et des quartiers populaires, premiers touchés.
En effet, pour obtenir la retraite à taux plein dès 64 ans, il faudra trouver un emploi dès 21 ans et travailler toute sa vie sans aucune période d’inactivité. Or, nous savons que le premier emploi stable est fixé à 27 ans (rapport du Conseil Economique, avril 2019). Aussi, le taux de chômage chez les jeunes est de 18%, soit 10 points au-dessus du reste de la population (Insee, août 2022)
Ainsi, cette réforme va continuer de creuser les écarts et renforcer les difficultés d’insertion professionnelle. Les seniors continuant à travailler, le nombre d’emplois stables diminuera pour les jeunes. Ils seront alors contraints d’enchainer les contrats précaires et, dans les faits, ne pourront obtenir qu’une retraite à taux plein à 67 ans.
Ceci n’est qu’une liste non-exhaustive des problèmes soulevés. Le gouvernement n’en a pas pris note, il a fermé les yeux. L’utilisation du 49.3 nous le montre une nouvelle fois : nous ne sommes pas écoutés.
On demande aux jeunes d’avoir confiance en la politique et en la démocratie. Mais comment peuvent-ils avoir confiance en un gouvernement qui ne prend pas en compte leur avenir ? La dignité au travail est un droit fondamental pour tous !
La JOC, en tant que mouvement militant, porté par des jeunes, pour des jeunes, s’oppose fermement à la réforme des retraites et à l’utilisation du 49.3 qui nous prive de nos droits et qui détruit la démocratie dans laquelle nous voulons vivre. Lutter pour nos droits et pour la démocratie est l’essence même du militantisme, c’est faire vivre nos engagements dans l’espoir d’une vie digne pour toutes et tous. Cela, c’est la dignité.
Le rejet de la motion de censure ne doit pas être un moyen pour le gouvernement de légitimer son passage en force. Nous ne voulons pas être ignorés mais plutôt ouvrir le débat et la discussion, que nos paroles et nos revendications soient entendues. Cela, c’est la dignité.
Descendre dans la rue est notre moyen d’expression le plus fort. Depuis toujours il a permis d’obtenir de nouveaux droits et acquis sociaux tel que la semaine de 35h. Nous continuerons massivement les mobilisations.
Enfin, nous souhaitons la mise en place d’un référendum d’initiatives partagées pour que chacun et chacune puisse faire valoir sa voix.
Rien n’est fini, nous ne lâcherons pas. Nous avons le droit de rêver plus fort et plus haut pour notre avenir, que nous voulons digne.