Le SNU (Service national universel) est un projet du Gouvernement actuellement en cours de réflexion. Une phase d’expérimentation devrait être organisée dès cet été. Ce projet a pour objectif d’impliquer davantage la jeunesse française, favoriser la cohésion sociale, parler des enjeux de la défense et de la sécurité nationale mais aussi développer la culture de l’engagement. Pour cela, le projet présenté actuellement se vivrait en deux périodes.
La première période concerne tous les jeunes aux alentours de 16 ans pendant une durée d’un mois. Pendant ce mois, les jeunes vont vivre deux semaines d’hébergement collectif avec des jeunes d’autres milieux sociaux pour aborder les questions de défense, de développement personnel, de gestion de crise et droits et devoirs de la République. Les deux autres semaines de cette première période correspondent à une période d’engagement civil ou militaire (aide à la personne, environnement, défense, sécurité, …).
La seconde période de ce Service National Universel est volontaire et permet aux jeunes entre 16 et 25 ans de vivre un engagement d’une durée de 3 à 12 mois. Elle permettrait aux jeunes de s’engager pour la défense, l’environnement, l’aide à la personne ou encore la culture. Cette période ressemblerait aux actuels services civiques sans informations supplémentaires sur la rémunération, les droits ou les conditions de cet engagement à l’heure actuelle.
Ce projet touche la jeunesse dans sa globalité puisqu’il prévoit que tous les jeunes de 16 ans passent par cette période de 1 mois obligatoire. C’est pour cette raison que les organisations de jeunes et de jeunesse se sont penchées sur le sujet. Parmi elles, les points de vue divergent.
Certaines organisations pensent que ce projet est une chance pour la jeunesse en permettant à tous les jeunes de découvrir des opportunités d’engagement, ils y voient un tremplin pour les jeunes. Ils mettent aussi en avant la mixité sociale et voient le SNU comme un moyen de permettre à des jeunes issus de milieux différents de partager une expérience commune.
D’autres organisations, dont la JOC, ne voient pas l’obligation comme une solution. Imposer une nouvelle forme d’engagement à des jeunes ne leur permettrait pas de découvrir librement ce que l’engagement peut leur apporter. De plus, de nombreux jeunes s’impliquent déjà dans la vie associative, syndicale, politique ou militante et sont trop peu reconnus, nous en sommes un exemple, nous les jocistes ! Nous pensons aussi que ce n’est pas en faisant vivre ensemble des jeunes de milieux sociaux différents pendant 15 jours que la mixité sociale existera en France. En effet, d’après les travaux de la Fondation Jean-Jaurès et de Thomas Piketty, ce sont les classes favorisées qui fuient les mixités. Nous devons apprendre à se rencontrer et à se comprendre pour vivre dans une société ouverte et fraternelle, pour cela, l’Etat doit favoriser des rencontres et des échanges dès l’école quels que soient notre âge, notre origine, notre handicap ou notre quartier.
Pour aller plus loin
La JOC, aux côtés d’autres organisations ne souhaite pas voir ce projet mis en place. Ensemble, nous nous posons la question de la pertinence de ce projet : les moyens que demandent la mise en place du SNU devraient être investis dans des secteurs qui souffrent actuellement pour accompagner les jeunes dans leur vie : enseignement, accompagnement vers l’emploi, orientation, … Selon la JOC, ce projet ne répond pas aux souhaits des jeunes pour leur avenir. Rendre l’engagement obligatoire lui fait perdre tout son sens, il ne permet pas de se poser la question de militer et d’agir en lien avec ses propres convictions à 16 ans mais aussi pour le reste de sa vie. Nous pensons que, comme pour les services civiques actuellement, la phase d’engagement volontaire proposée aux jeunes est de nouveau une proposition pour « s’occuper » sans permettre de disposer d’un emploi digne. Alors qu’en 2016, 70% des jeunes interrogés par la JOC estiment qu’avoir un CDI est la principale clé pour accéder à un emploi digne, à nouveau, le gouvernement propose aux jeunes un dispositif qui ne permet pas de sortir de la précarité.
Lire la tribune parue dans “Le Monde” du collectif de mouvements de jeunesse : “Imposer le Service national universel est un non-sens”
Lire le communiqué du Cnajep paru en septembre dernier : “Service national universel : vers une phase de consultation qui interroge le Cnajep“