1er mai - Avec les travailleurs, ensemble pour un travail décent
La fête internationale des travailleurs du 1er mai est l’occasion de se rassembler pour défendre et promouvoir nos droits au travail. L’Action catholique ouvrière, la Jeunesse ouvrière chrétienne, avec toute la Mission ouvrière, invitent à participer aux manifestations et autres initiatives organisées par les syndicats le 1er mai 2025. En effet, cette mobilisation entre pour nous en résonance avec l’année « jubilaire » des chrétiens qui invite chaque personne, en 2025, à marcher dans l’espérance vers la construction d’une société plus juste et plus fraternelle.
Nos collectifs appellent à se mobiliser pour un travail décent qui permette de vivre et qui ait du sens. Une conviction renforcée par les résultats de l’enquête sur le travail décent, réalisée à l’automne 2024 dans toute la France par des militants de la JOC et de l’ACO, en lien avec la Mission ouvrière. Remplie en ligne ou diffusée dans des lieux publics et lors de cinés-débats, cette enquête ACO JOC MO a recueilli 616 réponses. En voici les résultats.
55% des répondants sont actifs, au travail ou en recherche d’emploi, 26% sont retraités, 19% sont étudiants, lycéens ou apprentis. Nous notons quelques nuances de perception entre jeunes et adultes.
Avoir les moyens de vivre et donner du sens à son travail
Pour 51% des personnes consultées, un travail décent est avant tout un travail qui permet de gagner sa vie. 20% de personnes estiment qu’un travail décent est d’abord un travail qui a du sens et 13% pensent que c’est le fait de pouvoir se projeter dans l’avenir qui définit un travail décent. Dans un registre proche, 8% jugent qu’un travail décent passe par le fait d’avoir un contrat à durée indéterminée.
Cela nous incite à penser que la baisse du pouvoir d’achat, ainsi que la hausse du chômage et de la précarité professionnelle, constituent des préoccupations fortes pour les personnes qui ont répondu à cette enquête. Les réponses sur le sens du travail montrent aussi la préoccupation de lier l’engagement professionnel, le respect de l’humain et de la planète, la prise en compte du bien commun et le sentiment d’utilité.
Les syndicats et les représentants du personnel sont reconnus par tous
Un tiers des personnes consultées estiment que leur dignité n’est pas respectée dans leur situation actuelle, alors que 75% des jeunes consultés répondent que leur dignité est respectée. La moitié des participants à l’enquête pensent que ce sont les syndicats qui font le plus progresser la dignité au travail. Les instances représentatives du personnel arrivent en deuxième position. Les jeunes ont une vision un peu différente à ce sujet. Pour les étudiants, ce sont les associations qui font davantage progresser la dignité. Les lycéens estiment de leur côté que ce sont d’abord les syndicats, puis les associations. La question de la dignité au travail reste un défi pour une personne sur trois dans ces réponses. Nous soulignons la reconnaissance du rôle important joué par les syndicats, fruit sans doute à la fois de leur proximité avec les personnes en activité et de leur forte mobilisation lors du mouvement contre la réforme des retraites. L’attachement aux instances représentatives du personnel est aussi un point positif.
Le travail a un impact sur la santé mentale suivant les conditions professionnelles
41% des personnes consultées estiment que leurs conditions de travail influent sur leur santé mentale, 29% sur leur équilibre de vie et 22% sur leur santé physique. Apprentis, étudiants et lycéens insistent de leur côté sur l’impact du travail par rapport à la santé mentale, puis par rapport à l’équilibre de vie ou au repos. Plus de 58% des participants à l’enquête pensent que leurs conditions de travail leur permettent de vivre en bonne santé. Un résultat à nuancer entre les personnes au travail, 62%, et les personnes en recherche d’emploi, 37%, qui expriment ainsi les conséquences de leur précarité professionnelle sur leur santé.
Le travail a un impact sur la santé mentale suivant les conditions professionnelles
« Ma dignité n’est pas respectée dans mon travail. Salaire inférieur au SMIC, horaires non modifiés en cas de forte chaleur ou de grand froid, tenue de travail inadaptée pour la chaleur, travail déplaisant ».
– Kevin, 27 ans
« La responsable est à l’écoute des besoins des agents. Je suis épanouie dans mon travail ».
– Virginie, 50 ans
« On souffre à l’école. On voit de plus en plus de camarades, même d’autres lycées, faire des burn-out. On a autant, voire plus de cours que les élèves en études supérieures. Trop de travail, trop de pression, trop d’heures (…). Il faut penser au bien-être physique et mental des élèves avant leurs résultats ».
– Kylian, 16 ans
« Je trouve que trop de supérieurs responsables se croient tout permis, vous prennent de haut et qu’il n’y a pas assez de reconnaissance à plusieurs niveaux ».
– Florent, 50 ans
Comme le montrent les résultats de l’enquête « Inégalités, on en parle » menée en 2022 par la JOC, 71% des jeunes sont angoissés pour leur avenir et celui de la planète. Cette crainte les empêche de faire des projets sur le long terme. Par ailleurs, la JOC vient de mener une enquête « Parlons santé » s’adressant aux jeunes de 13 à 30 ans. A la question : « Pour toi, cela veut dire quoi Prendre soin de soi ?», le travail revient plusieurs fois dans les réponses. Thomas, jeune salarié, dit : « Pour prendre soin de moi, j’aurais besoin d’avoir un travail qui me plaît ».
A l’ACE, nous avons conscience que la famille est une cellule fragile que la précarité vient bien souvent mettre à l’épreuve. Cependant, les enfants, eux, espèrent encore en l’avenir et s’engagent pour bâtir une société plus juste et fraternelle. Pour Nathan, 13 ans, réussir sa vie, c’est « pouvoir être en bonne santé, être bien dans sa peau, faire le métier de ses rêves, être avec une personne que l’on aime, avoir assez d’argent pour bien vivre ». Jules, 10 ans, rêve « que tout le monde ait la même richesse et que les gens qui nous dirigent arrêtent de nous mentir ».
Un travail décent pour tous
Nous observons à travers ces réponses l’impact réel du travail sur la santé des personnes. La santé mentale, l’équilibre de vie et la santé physique peuvent être préservés ou dégradés suivant le contexte professionnel. C’est encore plus vrai quand les personnes sont en recherche d’emploi ou occupent des emplois précaires. Actuellement, la JOC vit une campagne nationale d’action « Jeunesse aux 1000 visages : montre tes richesses » pour dénoncer les tabous et les inégalités subis par les jeunes en matière de santé. Ils mèneront l’action collectivement sur leurs lieux de vie pour une société plus inclusive et sans tabou en matière de santé !
Nous rêvons d’un travail digne pour tous, qu’il prenne moins de place dans notre vie, qu’il se fasse dans de bonnes conditions et qu’il soit source d’épanouissement. Travailleuses et travailleurs chrétiens, actifs, au travail ou en recherche d’emploi, jeunes apprentis, lycéens ou étudiants, retraités, notre foi nous incite à nous engager pour que le monde du travail respecte davantage l’humanité et la planète. C’est pourquoi, nous serons mobilisés le 1er mai, à travers la France, avec les organisations syndicales et aux côtés de toutes celles et ceux qui aspirent à un travail décent.